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L’analyse de la conjoncture économique par Walid SAADE, directeur de COMPO EXPERT France

conjoncture novembre 2022

La guerre, qui semble durer à nos frontières européennes, impactera une croissance qui déjà était prévue à la baisse à partir de fin 2022. Selon les derniers rapports du FMI, les pays européens émergents (croissance de 1.6% estimée pour 2023) souffriraient moins que les pays avancés (croissance de 0.6% estimée pour 2023). Les principaux risques pour les entreprises et les pays européens restent l’approvisionnement en énergie, la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée, la hausse des taux directeurs (sous la pression des banques centrales qui souhaitent ralentir l’inflation), la parité Euro-Dollar défavorable à l’importation des métaux, des hydrocarbures et des matières premières en hausse et, de façon sous-jacente, l’extension de l’inflation par effet de cascade sur plusieurs segments de l’économie (même si les économistes prévoient un ralentissement de l’inflation à partir de fin 2023). La balance courante de la zone Euro (qui représente le solde des flux monétaires) se dégrade sur 2022 et rentre dans le négatif notamment en ce qui concerne les échanges de biens et les échanges de services. Imaginons ce que ça représente pour nos entreprises : des flux négatifs de trésorerie !

En France la situation n’est guère différente exception faite du coût de l’énergie qui repose partiellement sur le nucléaire ce qui favorise notre pays, bien que le niveau de production de l’énergie nucléaire soit bas compte tenu des travaux de maintenance en cours. Malgré le nucléaire, nous lisons souvent dans la presse que les hausses de la facture énergétique dans les secteurs industriels Français vont de + 30 à + 55% entre 2019 et 2022. Il faut également tenir compte en France du déficit public qui a atteint des niveaux plus élevés que ceux des principaux autres pays européens, et qui pèsera sur notre performance économique, car il nous faudra pour l’enrayer, créer (proportionnellement) plus de valeur ajoutée et de richesses que les autres. Ce sont pour toutes ces raisons que certains économistes prévoient une croissance française inférieure à 1% en moyenne sur les 5 prochaines années.

D’expérience, du moins je l’espère, les économistes peuvent se tromper! Et c’est sans compter sur le génie français et le « french flair » qui font de nous de redoutables adversaires surtout dos au mur, nous l’avons souvent prouvé lors des grands conflits (de la guerre de cent ans à aujourd’hui) et dans les grandes compétitions sportives ! il faut également se dire que cette crise et cette incertitude qui rythment notre quotidien depuis 2020, ont remis les priorités sur des segments économiques oubliés par temps de paix, comme l’industrie locale et l’agriculture. Le sommet international sur la sécurité alimentaire qui a eu lieu en marge de l’AG des Nations Unies en septembre dernier le prouve bien ! L’Agriculture, qui a souffert sur les dernières années de procès pas tout le temps justifiés, va reprendre du « sens » aux yeux des citoyens et des politiques ; il va falloir continuer à produire pour sécuriser notre propre alimentation et celle des pays alliés ou amis. Ça donnera certainement une bouffée d’oxygène et fera un appel d’air à plusieurs segments périphériques, pas que céréaliers. Nous ne produirons cependant pas comme nous l’avons fait pendant les 30 années qui ont suivi le traité de Rome ! Nous respecterons j’espère les leçons apprises, la santé des consommateurs, des agriculteurs et de leur voisinage, la fertilité des sols, l’obligation de léguer en bon état notre patrimoine « terre » aux générations futures… C’est là où doit s’exprimer notre créativité responsable c’est-à-dire notre capacité à imaginer de nouvelles technologies (de biostimulation et de biocontrôle par exemple), inspirées de la meilleure connaissance du monde du vivant qui s’offre à nous, et basées sur une façon alternative et critique de penser les choses !

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